Le Natureman

Voici les comptes rendus de Matthieu et d’Anthony, sur cette épreuve. Bonne lecture !

Ce week-end nous participions avec Anthony au triathlon L du naturman dans les gorges du Verdon.L’aventure commençait pour nous jeudi matin avec un départ gare de Rennes direction aix en Provence et une grosse frayeur de dernière minute puisque nulle trace de vélos enregistrés sur nos billets de train. Tout s’arrange finalement puisque le vélo démonté et rangé dans la belle housse que Stéphane nous a gentillement prêté est considéré comme un simple bagage et ne nécessite rien de particulier. Récupération d un véhicule à la gare de Aix dans l’après midi et direction le gîte. Les heures passent et le sujet des 2300 mètres de natation revient bizarrement fréquemment dans la bouche de mon compère qui nourrit visiblement quelques sources d’inquiétude.La météo se gatte dès jeudi soir avec les premières averses et coups de vents qui ne sont pas vraiment prêts de s’arrêter. La tempête est bien là toute la nuit et le lendemain c’est encore pire: le ciel nous tombe littéralement sur la tête sans discontinuer. Notre petite virée vélo prévue tourne court remplacée faute de mieux par une bonne séance canapé télé. Nous nous décidons finalement à sortir de nos 4 murs pour braver les éléments et rejoindre essuis glaces à fond le village départ pour retirer nos dossards. Là bas quelques indices laissent deviner qu’un événement se prépare mais on est loin de la fête de village et de l’effervescence qu’il doit  y régner les autres années. Il pleut il pleut et il pleut encore, tout est trempé et l’ambiance n’est pas vraiment propice à déambuler dans les petites rues.Dossards en poche nous décidons de ne pas succomber aux charmes des seules distractions du coin à savoir la visite du musée de la faïence et la boutique du tourneur sur bois mais optons pieds trempés pour un repérage dans notre voiture amphibie du parcours vélo avec quelques belles montées à avaler. Nous sommes accueillis en haut du petit col à gravir par une bête sauvage traversant furtivement la route qui s’avère être un loup ce que nous confirmera le propriétaire du gîte.Finalement la journée touche à sa fin et on a toujours autant de mal à croire la météo qui n’en démord pas qu’il fera beau demain.
Enfin samedi matin, la tempête n’a cessé qu’au milieu de la nuit et pourtant le miracle a bien lieu : il fait 7 degrés mais le ciel est dégagé et la route presque sèche .Nous rejoignons masqués le parc à vélo et attendons chaudement vêtus que le départ arrive. Pour raisons sanitaires le départ natation se fait non pas tous ensemble mais par vagues de 50 nageurs avec lâché toutes les 30 secondes juste après avoir pris soin de retirer son masque ce qui est quand même plus pratique pour nager.Je fais un dernier adieu à mon ami qui n’est vraiment causant et semble quelque peu stressé par le défit qui l’attend et que visiblement il ne retentera pas de sitôt. Le parcours natation est un triangle de 2300 m allant chercher le milieu du lac. L’eau est limpide et surtout étonnamment bonne ce qui me rassure immédiatement sur le fait de ne pas revivre la cryogénisation de la Ferte-Macé. La première bouée se profile enfin mais j’ai déjà 1200 m au compteur alors qu’elle est annoncée à 800 ; j’ai encore du voyager un peu partout histoire de personnaliser mon tracé Strava.Pas grave je suis sûr le chemin du retour et c’est vraiment sympa surtout quant à ma grande surprise j’en double 1 de temps en temps. Je sors finalement avec 2750m affichés ce qui me laisse un peu perplexe  mais nous apprendrons plus tard que la tempête a effectivement fait dériver les bouées. Pas pire finalement. La transition n’est pas vraiment fulgurante: le temps de s’habiller chaudement, de mettre mon cuissard vélo par dessus la tri-fonction pour ne pas avoir mal au popotin( j’ai peur de devoir habiter un bon moment sur ma monture) et de faire la causette avec mon voisin on est déjà à plus de 5 minutes. Heureusement que j’envoie du gros sur le vélo pour rattraper ça. Le parcours vélo rentre immédiatement dans le vif du sujet avec rapidement une ascension d’une dizaine de kilomètres qui s’avère être régulière et tout à fait abordable. Je double et je double et j’ai bien l’impression que cette année le maillot à pois c’est pour bibi.Finalement mon heure de gloire est de courte durée puisque sitôt la descente amorcée je me fais enrhumer de tous les côtés et c’est encore pire sur la longue portion roulante qui suit où les grosses cuisses se rappellent à mon bon souvenir. Le réjouissance suivante est à mi parcours avec 1km de lacets à 16% franchis la veille péniblement en première et qui m’inquiètent un peu mais qui finalement se passent à la vitesse de l’escargot mais sans encombres.La deuxième partie de parcours reste variée pour finir le tour du lac avec des décors de carte postale et des conditions idéales. Je suis juste de plus en plus inquiet pour mon coéquipier qui aurait déjà dû me rattraper et pour qui je crains de plus en plus que la natation ne se soit vraiment pas bien passée. Je commence à me demander comment je vais m’organiser pour rapporter toutes nos affaires plus sa dépouille en combinaison. Deuxième transition et un vrai soulagement quand je vois que son vélo n’est plus là et qui se concrétise par son arrivée cycliste tout sourire alors que je viens d’attaquer la CAP.C’est encore une fois magnifique le long du lac avec un parcours hyper varié entre chemins, sous bois, plages de galets et portions gravillonnées. Ça monte, ça descend, ça tourne, ça patine, ça relance… bref on ne s’ennuie pas même si petit à petit les kilomètres deviennent de plus en plus longs, les jambes lèvent de moins en moins hauts et les foulées deviennent microscopiques.je me retourne régulièrement en espérant voir débouler une fusée orange et bleue histoire de finir le parcours ensemble mais le temps passe et toujours rien à l’horizon. Peut être ne s’est il pas remis de cette immersion prolongée et a perdu l’esprit en allant finir son parcours vélo au fond du lac.  Finalement tout se termine sans trop de souffrance en 6h24 .
Je ne peux que vous inciter à vous lancer un jour sur cette magnifique épreuve organisée à la perfection qui a tenu toutes ses promesses. je vous remercie pour vos sympathiques petits messages ainsi que mon fidèle compère et ami pour cette belle virée sportive .

Mathieu

Ah ce genre de défi qu’on se lance en plein hiver dans la ligne 5 de la piscine… vous savez le genre de truc de réveillon… Bon, l’idée ne m’est pas venue un 31/12 mais je lorgnais déjà depuis un moment sur un des plus beau triathlon de France. Les photos et les vidéos des précédentes éditions me laissaient rêveur, avec toutes ces belles portions en vélo et en CAP. Le gros problème, c’est la distance de natation… J’en parle à mon coloc’ de ligne qui d’une spontanéité qui l’honore, accepte de participer avec bibi. Sans lui, je ne me serais peut-être pas inscris, en tout cas pas sur le L. Traverser la France pour un M et repartir aussitôt finit par me convaincre que le L est la cible idéale. 

Oui mais voilà, la crise sanitaire a mis à mal beaucoup d’organisateurs et l’annulation des épreuves est courante. On laisse passer la crise (et la fermeture des piscines), pour commencer à se préparer 2 mois avant. Une belle progression vélo et une CAP qualitative devaient me permettre de finir l’épreuve honorablement. On scrute les informations de l’organisation pour une éventuelle annulation, mais elle garde le cap et dispose d’un soutien important des sponsors et collectivités. Beaucoup de mesures de protection sont appliquées. L’échéance approche et maintenant c’est la météo qui nous fait douter du maintien. Que nenni, l’organisation a une confiance dans la météo annoncée. Pourtant la veille et une partie de la nuit, car je n’ai pas trouvé le sommeil (je peaufinais ma technique de crawl), ca soufflait très fort et il tombait des trombes d’eau.

Acte 1 : l’enfer

Comme le dit justement Mathieu, je ne suis pas causant. J’ai une petite voie qui me dit : “oh, la vache, la première bouée n’est pas à 800m comme indiqué !”. Il fint de ne pas m’entendre, me check, me dit Adieu, et moi, je lorgne cette foutue bouée à 3kms du bord (mon esprit devant la vue de cette étendue d’eau, a du mal à apprécier les distances). Nous sommes regroupés par SAS de 100. Nous partons dans les premiers. Le coup de tromblon est donné, je vois Mathieu partir comme un squale, et moi comme Bob L’Eponge a essayé de marcher le plus longtemps possible pour gratter quelques mètres. Finalement, je me lance en pensant au testament que je n’ai pas signé. Au bout de quelques minutes, ce n’est pas un ou 2 nageurs qui me doublent, mais bien tout le monde. En regardant les numéros sur les bonnets, je ne suis pas encore arrivé à la première bouée, que je vois des 700,800 et quelques 900. Voilà le topo : 1000 personnes peuvent doubler une fois une personne, mais pas l’inverse ! L’eau étant claire, j’arrive à voir les autres. Donc, ça vient de partout, des mecs sont à la verticale et avance plus vite que moi. Y’en a qui font des scoubidous avec leurs jambes et ils avancent. Quel bordel ! J’arrive péniblement à cette satanée bouée et au loin j’aperçois la seconde… t’es pas encore sorti de là ! Je continue de me faire doubler (moins, car je pense qu’on est une belle bande de parpaing aquatique regroupée). Je continue mon calvaire, je regarde les kayaks et pour tracer au plus court… que nenni, je dois pas mal zigzaguer, comme si j’aimais l’eau. La fin approche, je regarde quand est-ce que je peux me mettre debout : bah pas tout de suite. Enfin, je vois des personnes se redresser, je me mets debout, je regarde ma montre : 1h13 ! La claque. Je sors de l’eau, avec de le bide plein de flotte et mes premières foulées sont aléatoires, mon gyroscope a vrillé lui aussi. Je retrouve facilement mon vélo (l’avantage de finir loin derrière tout le monde) et j’entends le speaker annoncer l’arrivée du dernier nageur. Je suis obligé de m’asseoir pour rééquilibrer le peu de cervelle qu’il me reste. Je ne vous parle pas du temps de transition, j’aurai pu prendre le temps de me raser. Mais la fin du calvaire est arrivée. L’enfer, je vous le dis et mon classement à la 666e place est à l’image de mon impression.

Acte 2 : l’amusement

Une fois sur le vélo, et après avoir régurgité deux trois bassines d’eau, je peine à trouver mon rythme mais je gratte quelques concurrents. J’ai la nuque et les épaules en vrac, je m’étire sur le vélo et voilà que commence la première joyeuseté du parcours. Comme nous avions repéré le parcours la veille, je savais que cette difficulté ne m’inquièterait pas. Je monte au train et je continue mon ramassage. Les jambes sont opérationnelles, la météo ensoleillée quoiqu’un peu fraîche dans les descentes. Je m’amuse et les kilomètres passent très vite. Je continue mon ramassage. Les concurrents s’ils ont vu mon dossard ont certainement eu la même impression que moi dans la flotte. Arrive ce fameux mur “l’enfer du Sud”. Je repense à la tête de Mat dans la voiture la veille… je me suis demandé, comment il avait négocié cette partie. Et là, je double tout le monde. Ca monte, et un concurrent se met en travers ! Je heurte sa roue arrière et je finis étalé sur le bitume. Il prends de mes nouvelles mais une fois rechaussé, j’ai accéléré pour espérer retrouver Mat’. Point de collègue en vue, et nous sommes en haut d’un plateau. Un petit crachin s’invite à la fête et je remets mes manchons. Je me fais reprendre par quelques grosses cuisses qui envoient la braquasse sur le plat, avec des prolongateurs. Le reste du parcours est agréable sans grosses difficultés, surtout que les jambes continuent de tourner, je continue de doubler et on m’interpelle : “tu sors d’où ?”, ce a quoi je réponds “de l’enfer”. J’avais la pêche, c’est plaisant de prendre les virages à donf, de ne pas s’arrêter aux carrefours et de pouvoir continuer de grimper. Finalement, je me dis que j’aurai pu envoyer un peu plus, mais la CAP approche… Avant ça, je prends au dernier ravito, une barre et un gel. Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai avalé le gel. Très grave erreur… mon cerveau n’avait pas finit de reconnecter tous les neurones car mon estomac ne gère pas ces saloperies… Ca n’a pas loupé, quelques minutes après, je sens que l’estomac est en train de se rebeller avec ce truc dégueu à gérer. Je me dis que j’ai bien bien merdé ! Ce qui se confirme au fil des kilomètres… Arrive l’air de transition, j’aperçois Mat, tel Bekélé en peloton, je lui lance un petit signe et je descends du vélo. Bah en descendant du vélo, et en commençant à trottiner, j’ai bien failli m’arrêter pour gerber. Je décide plutôt de marcher et de prendre mon temps et de penser à autre chose. Là encore, une transition de touriste, mais le parc à vélo n’est pas plein.

Acte 3 : l’estomac, le deuxième cerveau.

Parti du parc à vélo, j’arrive à une allure proche de l’entrainement mais je sens que si je continue, je vais y laisser des plumes (et pas que des plumes). Je ralenti et je regarde mon allure, je sais qu’à cette vitesse, je ne vais pas risquer grand chose. Le parcours est typé nature : un peu de boue, des herbus, de la caillasse, et 2 montées que je gravis en marchant. Il y a du monde pour nous encourager et je me concentre sur l’estomac qui doit tenir le choc encore un tour. Au deuxième tour, je pense à Mathieu en train de siroter un cocktail, douché et propre. Dommage pour le finish ensemble, mais il a bien fait de continuer à son allure. L’estomac semble avoir réglé le problème du gel, je retrouve un “peu” de vitesse. Je finis en accélérant et brandis les bras pour avoir terminé ce triathlon.

En conclusion : un sentiment mitigé

Déçu de la natation, mais ça c’était prévu, mais que je passe aussi longtemps dans l’eau m’a scié ! Ma montre indique 2900m… et en écoutant les conversations, tout le monde a plus que 2300m. Je m’attendais à un parcours vélo plus vallonné. Heureusement quelques points de vues valent le coup d’œil. Si je regarde le parcours de l’an dernier, il m’aurait certainement plus convenu. La CAP, était compliquée, mais je peux m’en prendre qu’à moi même. Je n’ai pas voulu perdre de temps à ouvrir une barre pour prendre la facilité, qui m’a gaché la fin du vélo et la dernière épreuve.

Je n’ai pas un CV très long en triathlon, mais celui-ci vaut le détour, surtout que l’organisation a assurée et des bénévoles souriant. Le tout dans un contexte particulier : Covid, météo, inondations dans les Alpes Maritimes… bravo à eux pour tout le travail fournit. Pour ma part, il va me falloir un bon et long moment avant de nager. Etait-ce mon jubilé de triathlète…

Je remercie à nouveau Mathieu pour son soutien et sa bonne humeur. Une belle parenthèse sportive partagée entre pote, c’est bien là le principal ! Une pensée particulière également pour les personnes qui m’ont envoyés des messages d’encouragement jusqu’au début de l’épreuve.

Anthony

PS: les bouées ont dérivés à cause du vent…

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