Les “Cinq 4000”
Eh non, ce n’est pas la séance type d’une préparation marathon, mais le petit nom donné par les organisateurs pour le trail de Sierre Zinal en Suisse (13/08). Il s’agit en fait d’un clin d’œil car sur le tracé de cette course on peut voir 5 sommets de plus de 4000m d’altitude. Autant vous dire, que la vue est à couper le souffle. D’ailleurs, en parlant de souffle, il en fallait pour avaler les 31 kms avec un dénivelé positif de 2200m. Mais parlons en coureur de montagne, nous retiendrons le dénivelé cumulé qui représente 1100m.
C’est donc avec l’ami Frédéric Gohard et nos familles respective que nous posons nos valises dans la maison de JiC, que je salue et remercie encore une fois. Après la visite du propriétaire, nous avons pas mal crapahuté à pied pour nous mettre en jambe. Les Alpes, qu’elles soient Suisses ou Françaises, sont magnifique et cela se confirme durant tout notre séjour.
Ce n’est pas le tout, mais le jour du départ approche. On visionne les émissions quotidiennes proposées par l’organisation… et oui, ils ne font pas les choses à moitié les Suisses. On analyse le parcours et chacun y va de son pronostic. Je me laisse tenter en visant entre 3h30 et 4h. Sacrée fourchette me direz-vous mais comme le chrono est pour moi tout à fait secondaire dans ce type de course, si je suis dedans tant mieux si non, pas grave. Ce n’est pas la fin du monde.
Départ Dimanche matin à 4h… là, j’ai les valoches sous les yeux. Les sacs étant préparés la veille, c’est préparation rapide mais sérieuse pour les locaux (JiC, Gerald et David pour son premier trail) et pour les 2 Normands. On se fait conduire pour rejoindre le départ à Sierre. Je ne vous décrirai pas l’environnement, car à 5h, on ne voit pas grand chose si ce n’est 2500 coureurs répartis dans 4 SAS (5h, 5h05, 5h10 et 5h15). Les élites partent à 9h45. 5h sonne et le départ est donné. Les Suisses ne faillissent pas à leur maitrise de l’horlogerie… Nous sommes environ 600 à prendre le premier départ. Ca part tranquillement et là deux options de parcours : un chemin ou la route. Dans les deux cas, le même dénivelé et la même distance. Je dis à Fred, que je ne suis pas venu ici pour courir sur l’asphalte et on prend l’option chemin. Certains sont équipés de frontales et moi, je fais sans, en partant juste avec la tenue du club et une bouteille à la main. En mode “Touriste” en fait… Je n’ai même pas pris le téléphone pour prendre des photos.
Une fois dans le chemin, c’est assez simple : ca monte pendant 1h30. C’est la nuit, ca ne cause pas beaucoup. Dans les bois, on ne sent pas trop la fraicheur. Le premier ravitaillement arrive, et c’est le point de rencontre entre les coureurs de la route et ceux du chemin. On s’arrête vite fait et on repart en marchant, car nous sommes toujours dans l’pentu. Le soleil arrive mais la fraicheur également, surtout dans les portions découvertes. Le second ravitaillement me réchauffera car les bénévoles sont tout sourire et nous propose la carte du jour. Je prends option bouillon de légumes qui me réchauffera les mains et tout le bonhomme. Des portions plus roulantes commencent à arriver. On déroule la foulée. On devine les coureurs de plaine qui sont à l’aise sur ce type de portions. On devine tout autant les montagnards qui montent et qui descendent comme des flèches. Je respecte le programme établit par Achil et je suis nickel. Je m’amuse comme un gamin à monter au train et à descendre comme une balle. Dans une montée, je croise un gars avec les manchons de la Barjo ! On discute quelques instants et je lui dis que ca grimpe plus que dans la Hague. Il confirme. On se retrouvera à l’arrivée ;-).
Je prends le temps de me ravitailler à chaque point. Les bénévoles toujours le sourire au lèvre, nous propose tout un tas de chose. Avant la fin, je prends du thé, du chocolat et je prends le temps. Je regarde à droite à gauche : il y a du monde partout (des coureurs, des spectateurs “hop hop hop”, dont certains sont équipes de cloches). C’est génial. Je vois que mon objectif s’éloigne, qu’importe je prends un max de plaisir et surtout j’en prends plein les mirettes.
L’arrivée approche et le soleil est de la partie. Tout autour de nous c’est magnifique. On voit les sommets enneigés, il y a beaucoup de spectateurs qui lancent des “Hop Hop Hop” (dialecte de montagnards Suisse). Je finis avec une coureuse qui veut finir sa course en moins de 4h. Je lui sert de lièvre et me remerciera à l’arrivée. Elle me quitta dans l’ultime descente où en l’espace de 30 secondes, elle a dévalé à toute berzingue une descente qui commence à faire chauffer les cuisses. Eh oui, les montagnards n’ont pas la même inertie que nous : ils se penchent, et accélèrent. Moi, je me contracte pour ne pas finir contre un arbre en train de brouter l’écorce. De profil, ce n’est pas beau à voir, mais ca le fait. Je perdrais du temps à jongler entre les racines, à regarder où poser mon pied et à me retenir pour ne pas finir a plat ventre. On commence à entendre le speaker. Purée, la descente finale est raide. Toujours avec un profil de coureur de plaine, j’aperçois les derniers mètres et la foule en nombre présente de chaque coté de l’arrivée. Je me laisse porter par le dénivelé, et finis à toute berzingue (enfin c’est l’information que me donne mes cuisses) en 4h03 (pour les amoureux des chiffres et les compétiteurs, je finis à la 188e place). J’attendrais Killian à l’arrivée… qui lui aura mis 2h33 pour boucler l’affaire : monstrueux. D’ailleurs, il a du passer plus de temps à signer des autographes et faire des selfies qu’à courir. On sent le mec simple et abordable. Après une bonne douche, on rejoint la famille et les locaux pour déjeuner et pour arroser ce trail comme il se doit.
C’est vraiment une superbe course (44e édition) avec des paysages splendides. Nous avons eu un peu peur car à deux jours du départ de la neige était présente sur certaines portions du parcours… autant vous dire que le club n’ayant pas la tenue doudoune, j’aurai eu l’air malin.
Merci Fréd pour ces photos :
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